Lune des énigmes de la conception dun vaccin contre le SIDA est que le virus a la capacité unique de se « cacher » à lidentification à la fois du système immunitaire et des médicaments destinés à le neutraliser. Plutôt que de circuler librement dans le sang où il peut être facilement identifié, le virus sincruste dans des cellules et des tissus dans tout le corps dans ce quon appelle un état proviral.
Dans son état proviral, le VIH insère simplement son matériel génétique dans celui de sa cellule hôte. Ainsi, au lieu de se répliquer en tant que virus circulant librement, il se réplique simplement lorsque la cellule hôte se réplique. En conséquence, le système immunitaire de lorganisme nest pas alerté de la présence du virus pendant cette période de latence, ce qui lui permet de persister sans entrave de génération en génération.
Bien que le VIH ne soit certainement pas le seul agent pathogène viral connu pour faire cela, sa capacité à se cacher a rendu son éradication pratiquement impossible, déconcertant les chercheurs pendant près de 30 ans.
À lheure actuelle, les scientifiques ne sont même pas tout à fait sûrs de létendue de la pénétration provirale. Des recherches de lUniversité John Hopkins en 2103 ont suggéré que les réservoirs cellulaires abritant le VIH pourraient être jusquà 60 fois plus grands quon ne limaginait auparavant.
Alors que des efforts sont déployés pour activer et « expulser » le virus de ces cellules infectées, peu dagents se sont révélés capables datteindre les niveaux dactivation nécessaires pour effectuer une cure déradication.
Comprendre létat proviral
Par définition, un provirus est le matériel génétique (génome) dun virus intégré dans lADN dune cellule hôte infectée.
Il existe deux états proviraux. La première est simplement une étape de réplication virale lorsque le provirus « détourne » le codage génétique de la cellule hôte par un processus appelé transcription de lARNm et dirige la synthèse dun nouveau virus, qui infecte ensuite dautres cellules hôtes. Cest ce quon appelle une infection productive.
Le second est un état dans lequel le virus ne se réplique pas activement mais est plutôt transporté passivement dans lADN de la cellule hôte au fur et à mesure quil se réplique de génération en génération. Cest ce quon appelle une infection latente, et les cellules hôtes infectées par le provirus sont souvent appelées réservoirs latents.
Une infection latente peut soudainement devenir productive en réponse à des changements dans lenvironnement de lhôte ou la santé de lindividu infecté. Dans le cas du VIH, cela se produit souvent lorsque le traitement antirétroviral échoue, soit en raison du développement dune résistance ou dune adhérence sous-optimale, et/ou lorsque les défenses immunitaires sont épuisées à la suite dune infection.
Lorsque cela se produit, le provirus "silencieux" peut soudainement sactiver et commencer lexpression de son propre génome, produisant un nouveau virus tout en tuant la cellule hôte.
Lun des défis de la conception dun vaccin contre le VIH est de déterminer les moyens déradiquer efficacement le VIH dans son état latent et proviral. Parce que le VIH ne réplique pas une infection latente, les médicaments antirétroviraux qui agissent en inhibant la réplication virale ont peu dimpact. En tant que tel, le virus est essentiellement invisible, capable de rester caché même face à une thérapie antirétrovirale totalement suppressive.
Les scientifiques explorent maintenant des moyens dactiver des réservoirs latents à laide dun ou plusieurs agents médicamenteux. En cas de succès, dautres stratégies (thérapeutiques, immunologiques) peuvent théoriquement être utilisées pour éradiquer le VIH nouvellement exposé. Souvent appelée « kick-kill », lapproche peut finalement conduire à un candidat vaccin et/ou à une stratégie réussie.